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Les enjeux

Un fiasco politique

Le 6 octobre 2022, les députés ont examiné une proposition de loi visant à « lutter contre les plastiques dangereux pour l’environnement et la santé ». L’enjeu de ce texte concerne essentiellement l’article 1er : l’interdiction du polystyrène dans les emballages alimentaires en 2025, qu’il soit considéré comme « recyclable » ou non.

L’histoire de ce vote est l’histoire d’un fiasco politique pour le Modem, qui a inscrit ce texte de loi intéressant à l’ordre du jour. Une fois le texte proposé, le groupe Modem s’est finalement rangé derrière les groupes Renaissance et Rassemblement national afin de conditionner l’interdiction du polystyrène à l’absence de filière de recyclage… disposition déjà inscrite dans la loi ! Aussi, situation étrange, ce sont les parlementaires, notamment de la NUPES qui ont défendu l’interdiction du polystyrène voulue initialement par le Modem.

Comment expliquer ce revirement ? On peut imaginer que le lobbying de la plasturgie y est pour quelque chose !

A quoi renvoie l’interdiction du polystyrène ?

Cette proposition de loi ne concerne que les emballages alimentaires, ce qui concerne essentiellement les pots de yaourts et les barquettes de viande ou de poissons.

Plus de 15 milliards de pots de yaourts sont consommés chaque année en France. Les enjeux sont donc considérables.

Quels sont les dangers du polystyrène pour la santé ?

Les études scientifiques sont maintenant formelles : le polystyrène est un danger pour la santé.

Certes on connaît mieux la matière de base qui le compose, son monomère (le styrène), reconnu comme « cancérigène probable » par l’Organisation Mondiale de la Santé et comme reprotoxique de type 2 au niveau européen.

Mais les études prouvent maintenant que le polymère peut également être toxique. Le polystyrène peut être absorbé par l'organisme lorsqu'il est présent sous forme de micro- et nano- particules et est distribué à travers le réseau sanguin dans les différents organes où les particules s'accumulent et s’agrègent. De plus le processus de polymérisation du monomère ne gomme pas les risques posés par le styrène. Du styrène peut encore être présent sur le polymère et la dégradation du polymère peut relarguer du styrène.

On sait qu’au contact d’un corps gras, comme le yaourt, des composés du contenant, le polystyrène, peuvent plus facilement « migrer » vers le contenu.

Quels sont les dangers du polystyrène pour l’environnement ?

Le polystyrène est un des déchets que l’on retrouve le plus en mer. Il y perturbe significativement les milieux marins : il se fragmente en microplastiques contaminant les ecosystèmes et la chaîne alimentaire. Il y exerce des effets toxiques en particulier sur les diatomées, algues représentant 40% de la productivité primaire des océans et dont l’impact sur le cycle du carbone est avéré. Le polystyrène ainsi pourrait réduire significativement la « pompe à carbone » des océans.

Est-ce possible de se passer de polystyrène pour les pots de yaourts ?

Oui, bien sûr ! C’est d’ailleurs ce que font de plus en plus d’industriels. Nestlé l’a déjà mis en place. Danone vise 2025 pour la fin des pots de yaourts en polystyrène. Et le groupe Bel Industriels viendrait de le décider.

Pour sortir du tout plastique, il est indispensable de repenser radicalement les emballages et tendre vers leur réutilisation des emballages et remettre en place le système de consigne.

Le polystyrène est-il recyclé ?

Le polystyrène en France n’est absolument pas recyclé. Techniquement, c’est une matière qu’on ne sait pas recycler.

2% du gisement serait exporté en Espagne et en Allemagne pour « downcycling » : le polystyrène est transformé en produits jetables à faible valeur ajoutée, comme des pots de fleurs et des cintres jetables et ne pourra être utilisée par la suite, ce qui ne peut être absolument être considéré comme du recyclage.

Pour contrer les projets d’interdiction du polystyrène en 2025, les industriels cherchent à nous faire croire qu’ils vont réussir, en un temps record, à mettre sur pied des nouvelles technologies permettant de recycler cette matière, en dépensant des sommes colossales. L’objectif est de rendre le polystyrène potentiellement recyclable (même s’il ne l’est pas dans la réalité et que cela serait un non sens économique) avec le seul objectif d’empêcher toute interdiction. On nous promet des résultats depuis plus de 10 ans ! La ruse va plus loin : en mettant en place des filières de pseudo recyclage, il sera encore plus difficile de l’interdire car les industriels n’auront aucun scrupule pour affirmer qu’après de tels investissements, les filières auront besoin de polystyrène pour fonctionner et y maintenir les emplois…

C’est ce raisonnement basé sur la fausse bonne solution du recyclage qui a permis de rendre inopérante l’interdiction du polystyrène votée en 2021.

Aujourd’hui, le polystyrène représente 47% des plastiques incinérés et 27% des plastiques enfouis. Son incinération produit des substances hautement toxiques.

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